Contribution au débat « Pauvreté »

Même si la France, parmi les économies avancées est un pays où le taux de pauvreté est parmi les plus bas, il faut constater que la pauvreté dans notre pays ne recule plus depuis 1990, elle s’aggrave. L’enracinement de la pauvreté s’appuyant sur l’inégalité des conditions de vie est un défi pour les deux derniers termes de la devise républicaine, égalité et fraternité.

S’attaquer réellement à la pauvreté et aux inégalités doit être un des principaux marqueurs d’un gouvernement socialiste. Bâtir un programme et des engagements pour faire reculer la pauvreté est une nécessité pour renouer le contact avec l’électorat populaire. Le quinquennat de François Hollande n’a pas aggravé la situation mais il ne l’a pas non plus vraiment amélioré. La richesse nationale s’accroît alors que la population pauvre augmente dans des proportions encore plus importantes. Près de 9 millions de personnes vivent en France sous le seuil de pauvreté à 60% du revenu médian, mais selon l’Observatoire des Inégalités ce seuil ne permet pas une véritable appréhension du phénomène. Un seuil à 50% est plus proche des réalités de la pauvreté et dans ce cas il concerne 5 millions de personnes, à 40% du revenu médian la situation de grande pauvreté touche 2,2 millions de personnes. C’est cette population qu’il faut sortir de l’ornière. De plus une partie de la population extrêmement précaire n’est même pas prise en compte dans ces statistiques : les SDF, les personnes âgées en maison de retraite, les travailleurs immigres logés en foyers par exemple.

Le Parti Socialiste doit se donner des objectifs chiffrés de recul de la pauvreté et, s’il revient au pouvoir, il devra chaque année faire un bilan de son action et communiquer les résultats pour tenir le cap de son engagement, les promesses doivent être tenues. L’accès au travail et une politique renforcée de redistribution fondée sur la justice fiscale devraient être nos principaux objectifs mais il faut attaquer le problème dans sa globalité, il concerne la majorité des politiques publiques, de l’école à la transition énergétique en passant par l’économie. La lutte contre la pauvreté devrait nécessiter un ministère à part entière.

En tant que simples militants nous voulons ici souligner nos priorités et quelques propositions.

Lutter contre la reproduction de la pauvreté.

Cet objectif de long terme doit reposer sur l’éducation, une école d’égalité des chances qui suppose une baisse des effectifs par classe et donc à un fort renforcement de l’encadrement scolaire. Parmi les personnes pauvres 33% n’ont aucun diplôme. 1 700 000 enfants vivent dans des familles dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté, c’est d’abord pour eux que l’ascenseur social doit retrouver un sens. Avant même l’école obligatoire à 3 ans une offre de crèche augmentée au niveau de la demande permettrait de lutter contre les inégalités de langage dès la petite enfance.

Mettre un terme à la bureaucratie sociale.

Un système automatique d’accès aux droits tous regroupés avec un guichet unique et une administration proactive sur l’information d’accès aux droits. Mettre fin à la politique de la défiance en distribuant l’aide sociale a priori par un simple engagement sur l’honneur, sans paperasserie, les contrôles étant réalisés a posteriori notamment grâce à la possibilité de croisement des données fiscales.

Un logement décent pour tous

En relançant les budgets de l’habitat social et en durcissant les conditions pour les communes récalcitrantes. L’effort public pour le logement était de 2% du PIB en 2010 et seulement 1,69% en 2018. Il faut l’augmenter de manière importante jusqu’à résolution de la crise du mal logement. La règle de la mixité sociale obligeant la fourniture de logements sociaux dans tout programme immobilier peut être complété par l’obligation pour ces programmes de fournir un ou des logements d’accueil d’urgence, suivant leur taille.

Sécuriser la vie professionnelle

En luttant économiquement contre les CDD, les temps partiels, l’uberisation. En donnant de nouveaux droits aux organisations syndicales dans les secteurs prospérant sur la précarité. Renforcer les possibilités du CPA, compte personnel d’activité. La misère est d’abord le résultat de l’absence de revenus du travail, il faut peut-être mieux partager le travail pour faire reculer le chômage.

Mettre fin à l’inégalité de traitement des femmes

Les femmes sont les premières victimes de la pauvreté par l’inégalité salariale, l’inégalité des conditions d’emploi, l’inégalité des charges familiales (ex ; les familles monoparentales, 25% des personnes pauvres vivent dans une famille monoparentale où la cheffe de famille est quasiment toujours une femme). Il faut faciliter et stabiliser le financement des associations qui s’occupent des femmes.

Agir pour une réduction des inégalités de revenus et de niveaux de vie

Changer le mode de calcul de réévaluation annuelle des minimas sociaux, chaque année les minimas sociaux et le smic sont revalorisés d’un taux supérieur à l’évolution du salaire moyen des salariés en CDI (et non du salaire médian qui ne voit pas l’envolée des plus hautes rémunérations).

Cette contribution est issue des travaux communs des sections de Nice 5, Nice 9 et Nice 11. Elle est soumise sur le site www.laruchesocialiste.fr, sur lequel tour-tes et tous peuvent participer.

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