Image : ©GoogleMaps
Au départ, le « 328 » route de Turin, c’est un quartier tranquille situé à l’extrême est de la ville.
40 ans après, c’est devenu un véritable désastre. Un ghetto. Une plaque tournante de la drogue dans les Alpes-Maritimes située à l’extrême opposé de la belle promenade des Anglais bordée de ses palmiers verts et de sa mer bleue.
Du statut de résidence tranquille pour famille, la cité s’est progressivement transformée une zone de non droit où se concentrent trafics de stupéfiants et misère sociale.
Cette fois, les échauffourées de ce dimanche 14 juin ont poussé les habitants de l’impasse des Liserons au désespoir, au fatalisme.
Hier soir, au téléphone, choquée, une maman m’a avoué : « Hier soir, plus que jamais, on s’est senti lâchés. » Désormais, pour les habitants, premières victimes de ce trafic de drogue, la seule issue, c’est de partir, quitter au plus vite ce quartier et ne plus avoir à revivre ce qu’ils y ont vécu cette terrible nuit.
Je ne veux pas rejeter la seule responsabilité sur les pouvoirs publics. Les causes, elles sont nombreuses évidemment : La ghettoïsation du quartier, l’abandon du bâti par l’office HLM Côte d’Azur Habitat qui s’est seulement contenté de colmater au coup par coup, la concentration volontaire de populations en très grande précarité sociale, les lenteurs administratives (entre les concertations, les décisions, les votes, les parcours de validation, et enfin les exécutions, il faut compter des années), les difficultés économiques grandissantes, l’enclavement du quartier, la pauvreté des dessertes en transports collectifs… Ça fait quand même beaucoup pour un si petit quartier d’environ 3000 habitants.
Mais, il faut le dire aussi, l’ambition politique pour ce quartier n’était pas là. C’est ce qui a conduit aux lenteurs qui se sont pris en pleine figure la rapidité de la dégradation de tout : dégradation du bâti, dégradation des équipements, dégradation des relations humaines. Et le seul à en être sorti renforcé, le seul vrai gagnant, c’est le trafic de stupéfiants qui a pu se développer sans être beaucoup ennuyé (et ce malgré le travail énorme de la police).
Quelques mois en arrière, je pensais qu’il suffirait peut être de remettre des associations et des médiateurs dans le quartier. Aujourd’hui, je pense que c’est trop tard et qu’il faut aussi remettre de la présence policière, en permanence, dans le quartier. Il ne faudra plus se contenter de grandes opérations de police spectaculaires mais ponctuelles. Non. Il faut bien avoir conscience qu’en face, nous avons désormais une hydre capable de réinstaller un juteux business en 24 heures à peine. Nous avons tellement mis de temps à prendre conscience de la gravité de la situation que rétablir un certain ordre prendra beaucoup de temps et demandera beaucoup d’efforts. Détruire le quartier ? Il est trop tard. La bête ne renoncera pas. Elle se réinstallera ailleurs.
Alors, quelle issue ? On ne trouvera la ou les solutions qu’ensemble : pouvoirs publics, politiques, police, associations, habitants…
J’ai toujours refusé le fatalisme. Toujours refusé les réponses rapides et faciles du style, « c’est un problème communautaire ». Mais là, j’avoue, je suis un peu découragée. C’est un problème de société auquel notre ville et notre département devront faire face ensemble. Le trafic de drogue s’est installé là où la misère était la plus grande.
A présent, il faut ouvrir les yeux et aider les habitants d’abord. Puis, il faudra faire en sorte que note pacte républicain soit respecté et restauré partout sur le territoire national et encore plus dans les endroits où la misère s’est durablement installée.
Fouzia AYOUB
Secrétaire de section Nice Rive Gauche
Secrétaire générale du groupe « Un Autre Avenir pour Nice »
NDLR : retrouvez ci-dessous l’intervention de Fouzia sur France Bleu Azur diffusée ce mardi 16 juin.
Texte juste, Fouzia.
Ton texte, Fouzia, très personnel, a une portée nationale et même au-delà; il devrait pouvoir être lu très largement; nouus sommes tous concernés; merci